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Auteur | Message |
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Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Mer 2 Fév - 21:11 | |
| whoua! C'est vraiment bien écrit, Luna o.o je sais pas si des policiers se font vraiment ce genre de réflexion. bien sûr ça doit jamais être agréable, mais j'ai toujours imaginé qu'ils évitaient d'être sentimental par rapport à une victime autant que possible- et à plus forte raison éviter ce genre comparaison avec leurs propres enfants. j'imagine que ça dépend aussi de leur expérience, ton Max a l'air quand même jeune, ça doit être plus difficile de voir un cadavre les premières fois. (petite réflexion, t'es pas obligée d'en tenir compte) |
| | | Dr. Clarence Millet Directeur du CSHEMAS
Sexe : Nombre de messages : 2301 Age : 47 Nationalité : Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Mer 2 Fév - 21:17 | |
| Nouveau défi de la semaine (sans limite de mots)
1. Inventer et dresser les caractéristiques d'une bête imaginaire. 2. Écrire un court texte mettant en scène cette bête (voir et utiliser les caractéristiques de la nouvelle).
"Chim Dae, la bête magique qui vous fait regretter de ne pas être né dans un autre corps."
...
Nan, je déconne. Des idées connes pour emmerder ma prof? |
| | | Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Mer 2 Fév - 21:28 | |
| mets en scène la bête entrant dans la classe et avalant des élèves (ou la prof) non, sérieux, pas d'idées comme ça mais il y a certainnement quelque chose à faire |
| | | Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Mer 2 Fév - 23:32 | |
| quelque chose de moi. c'est en anglais par contre. les québécois ici savent que c'est la semaine nationale de la prévention du suicide cette semaine. - Spoiler:
In January we build the despair we’ll use in February. We construct it carefully, one step at the time. We cut the pieces in loneliness, slowly. Paint them with shame and silence. Leave them to dry in the darkness and glue them together with cold. We hide our despair under our bed or in our drawer and take it out only after school, when it’s dark and the door is locked. We polish it carefully, like a black stone, a gem. We take it apart and put it back together. We clean it till it shines. We carry it in our pocket like a key, a lucky coin or around our neck, under our shirt, where it sits invisible, round and dense on our breastbone. And never grows warm. Our fingers go to it, unconsciously. We roll it between finger and thumb, so smooth. Over and over again. In the palm of your hand. We play with it. When we sit in class, when we walk close to the walls, when we look at ourselves in the bathroom’s mirror, when we laugh, when we talk, hihoware younotbadwhat’supyourselflongtimenoseeyeahsureyoulookgoodcallmesomedayshouldcatchupgottagosee yathankyoubye,when we smile. Roll it. Roll it. Roll it. Our despair is never far. It sits and eats with us. It waits for the bus with us. It listens to music with us, read over our shoulder, talk words under our words. It’s with us after we close our eyes at night and before we open them in the morning, by our bed. It is the truest of companion; it never leaves us. We hear its voice in the hollow of the day. It’s a soft, strange voice, but it covers all others. It soothes us in the middle of the crowd, in the noises of the city. It sings, softly. Sooner or later. Sonner or later. Our despair is ours. It has the exact weight of a silent telephone and a voice like ten thousand of empty miles. Pills rattling in a bottle. It shines like city lights on snow. All we can’t take, it eats it. And it grows. It bites us and consoles us and always, always, it stays with us. We hide from it. It finds us again. Sooner or later. Sooner or later. We hide it. It’s a friend we don’t share. It hides us from them and them from us. January is cold. It makes it colder. January is lonely. It keeps us company. We’re sick of it. Just as much as we’re sick of ourselves. It’s all we know now, it leaves place for nothing other. We only pretend to think of anything else. It doesn’t need to eat anymore. It feeds us and poisons us. It taints everything that isn’t gone already. It’s the colour in what we see and it’s the taste in the food we eat. It’s the lead in our mouth, sinking every word we could say before they get past our teeth. It’s the problem and the solution.
In February our despair is ready to use. Loaded and sharpened. It sings. Problem and solution. Sooner or Later. Sooner and Sooner. We’ve got our ticket in our left hand and no idea where we’re going but we’re too tired to care. In February we’re deaf and blind form January and the pain’s like frostbites on our soul. We don’t quite feel it anymore. In the first week they call blindly for us in the dark. They don’t see us but they say come back, wherever you are, whoever you are. Come back, you’re lost. Some of us see the posters on the walls. Some of us hear the sound of reality through the screen of the song. They listen to another pain, one that’s not their own. And they put their despair, down, slowly, and put their hands up where you can see them. They share it even if it’s an imaginary friend. You won’t see it as I see it but you’ll pretend that you do and I will pretend to believe that you do. They put their ticket back in their pocket and accept they won’t know where they were heading to. Not yet. Later and later. They’ll carry their gun loaded and hope with time they won’t think of the weight so much. Sometimes our despair fails us. It gives us back to the world for a while. Some of us don’t see the posters and don’t hear the calls. February only grows colder. Their despair digests colours and sounds, calls and strange pain and all. It has to be used. Before the warmth make them soft again. They know where their ticket took them. In February, we put away the despair we haven’t used. The truest of friends, it’s not jealous. It sings its good-bye song for us. Sooner or later. Sooner or later. Sooner or later. Some of us are lucky. We hope a friendly voice sings louder.
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| | | Devon ''Breaker'' Lloyd Patient
Sexe : Nombre de messages : 86 Nationalité : Anglaise
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Mer 2 Fév - 23:39 | |
| Bon ^^ j'avais parlé au Doc d'une nouvelle que j'ai écrite un peu avant Noël. Je veux bien vous la partager mais je n'en donne ici qu'un extrait ^^ Vous me demanderez la suite, si ça vous intéresse - Spoiler:
Majesty
L’autobus tangue. Il a heurté la chaîne de trottoir au tournant d’une rue. Ma tête, appuyée contre la vitre, rebondit sur celle-ci. Je m’éveille en sursaut. Mon regard encore endormi est en quête de repères. À l’intérieur, les bancs se sont vidés peu à peu. À l’extérieur, je cherche des yeux des insignes connus, des rues familières, des maisons déjà vues. Je me suis retrouvée. Quel soulagement! L’espace d’un instant, j’ai cru avoir été trop loin. J’approche du terminus. Tout est normal. Je replonge mon regard à travers la vitre, admirant les arbres le long des terrains se parer des couleurs flamboyantes de l’automne. Puis, je la vois. Elle.
D’abord, il ne s’agit que d’une tache noire. Une ombre passe au-dessus de l’autobus et va se poser en un battement d’ailes sur une branche d’un érable, de l’autre côté de la rue. C’est un corbeau. Deux autres semblables le rejoignent au pied de l’arbre, criant de leur voix éraillées un appel au rassemblement. Les corbeaux m’ont toujours fascinée. Ils sont si imposants par leur taille, effrayants par leurs griffes et leur bec, majestueux par leur dignité et leur plumage au noir si sombre et luisant.
Alors que je les observe pendant un moment, temps que me permet l’arrêt de l’autobus au feu de signalisation, une forme se dessine entre les arbres et les corbeaux volent à sa rencontre. C’est une femme. Moulée d’une longue robe noire à fines bretelles, sans manche, avec un décolleté classique mais valorisant. Elle porte un masque de style carnavalesque comme on en voit à Venise. Il est noir lui aussi et arbore des plumes sur les côtés. Elle a des cheveux de jais, lisses et légers, coulant sur ses épaules comme des rivières moirées. Les yeux vers le sol, la main tendue à ces oiseaux au plumage ténébreux, elle sourit.
L’autobus redémarre en trombe et tourne enfin le coin. Mon regard est rivé sur elle, je ne peux me défaire de ce spectacle si…envoûtant. Je me retrouve pratiquement vis-à-vis d’elle, seulement plus haute sur mon banc et à quelques mètres, séparée par une vitre. Je la fixe, la dévisage. Le vent se lève en même temps que ses yeux. Ceux-ci, sombres et profonds, croisent les miens. Je sursaute; mon cœur fait un bond, se serre; je bats des paupières. Elle a disparu. Derrière les arbres. Je la cherche, bouleversée. Je ne comprends pas. Ai-je rêvé? Suis-je bien éveillée ou ma tempe repose-t-elle toujours contre la vitre?
L’autobus fait halte. Les quelques derniers passagers descendent. C’est le terminus. À mon tour, je quitte ma place et regagne l’air frais du dehors qui rejette mes cheveux vers l’arrière. J’hésite encore, obsédée par cette vision. Je ne peux chasser cette image de mon esprit. C’est dément! Je n’arrive même pas à savoir si tout cela est réellement arrivé.
Je m’engage dans un nouvel autobus, une correspondance me permettant d’arriver chez moi. Les études me rappellent toutefois et je me dois d’oublier la femme aux corbeaux. Mais ces yeux. Ce regard froid et pourtant enflammé. Mort mais bien vivant. Sombre mais brillant. Comme les plumes de ces oiseaux.
EDIT: By the way, Karel, ton texte est ma-gni-fique. *__* C'est beau...triste et beau. J'aime la note d'espoir de la fin. |
| | | Luna Bobin Patiente
Sexe : Nombre de messages : 546 Age : 46 Nationalité : Française
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Jeu 3 Fév - 4:01 | |
| karel, ton texte est tellement beau. Et triste. Ca se goûte comme une musique et la fin est juste parfaite (ça a l'air familié, bien que poétique...).
Devon, c'est frais ! Donne nous au moins la fin XD (je sais pas pourquoi ça me rapelle la Vénus de Milo, ça n'a pourtant rien à voir, à part pour l'atmosphère inquiétante beauté fascinante) |
| | | Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Jeu 3 Fév - 9:44 | |
| Merci, z'êtes gentils^^'' je me devais bien de mettre un petit peu d'espoir quand même (j'espère que ça ne t'es pas familier Luna.) Devon, on veut la fin de cette nouvelle! (elle est écrite?) tu es pas mal dans mon programme de rêve, toi, littérature... juste un truc qi m'a accroché: tu dis qu'elle a un masque, puis qu'elle sourit. s'agit-il d'un loup qui ne couvre que la moitié du visage, autrement comment voit-on qu'elle sourit? |
| | | Julia David
Nombre de messages : 114 Nationalité : Israëlo-Canadienne
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Jeu 3 Fév - 10:37 | |
| (Ca m'inquiéterait d'avantage si ça t'était familier à toi, Karel) |
| | | Devon ''Breaker'' Lloyd Patient
Sexe : Nombre de messages : 86 Nationalité : Anglaise
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Jeu 3 Fév - 23:05 | |
| Suis-je bête!!! Mais oui c'est un masque de loup!!! J'aurais dû préciser!!! O_O mais c'était tellement clair dans ma tête XD j'y avais jamais songé qu'il pourrait y avoir un autre type de masque, c'est fou! Voici l'image qui m'a inspiré le personnage: - Spoiler:
(Enlevez les ailes de fée et elle est exactement comme ça) Bon ^^ pour la suite, car oui elle est toute écrite mais assez longue. Donc je vais la séparer en parties -mon texte est divisé en petites parties, selon le temps qui change et les moments d'action-) - Spoiler:
Le lendemain, j’ouvre les yeux au son de la radio. Mes cheveux sont en pagaille, ma tête dans un étau. Je me lève malgré tout, péniblement, en grognant. Et la journée se met en marche comme une énorme machine au rythme inviolable, aux tics et aux tacs d’une horloge que l’on ne peut arrêter, qui se doit de continuer sous une volonté bien supérieure à la nôtre.
Les cours sont longs. Ennuyants. Le temps s’est retourné contre moi. Je l’entends s’écouler comme les grains d’un sablier mais dont ces derniers auraient le pouvoir de se suspendre dans le vide, décélérant leur chute. Je suis jalouse de ces grains. Ils ont plus de pouvoir sur la machine que n’importe quel humain.
Je m’égare dans mes rêveries. Mon échappatoire. Je tourne la tête vers la fenêtre, ma meilleure amie. Elle a toujours de nouveaux paysages à m’offrir, de nouvelles choses à m’apprendre, à me faire découvrir. Des détails que je n’ai pas vus, des morceaux de décor qui sont apparus, ont changé. L’automne, c’est le changement. Ce sont les couleurs qui se mêlent sans ordre et pourtant « parfaitement ». C’est un chaos magnifique. C’est un mélange libre mais restreint. Pas de bleu ou de violet permis, ni du rose ou du argent. Mais du orange, du jaune, du brun, du rouge, du cuivre, du carmin, du beige, il y a droit! Et du noir aussi. Certains disent que l’automne, c’est la mort; d’autres, que c’est la vie.
Moi, je dis que c’est les deux. Car la mort, c’est la vie. Mais on me dit que c’est trop simple. Pourtant, qui a dit que les choses devaient être compliquées pour être vraies? J’hoche la tête, je me tais. Et ça leur plaît de se complaire dans la victoire, dans ma défaite.
La journée est finie. Enfin. Je n’ai parlé à personne de ma vision. J’aurais eu l’air d’une folle. Enfin, plus que d’ordinaire. Je l’aurais prouvé plus qu’autre chose. Je ne suis pas folle. Je suis juste différente. Et par différente, je deviens étrange. Marginale égale donc rejetable. C’est leur droit après tout, si je ne suis pas comme eux. Ils ont comme droit de chasser ceux qui seraient néfastes à leur perfection, à leur société portée vers le meilleur. Le moins bon, on le jette et il en viendra d’autre après. Éternel recommencement. Comme l’automne. Elle revient toujours cette saison. Et je suis toujours là. Mourir et revivre. C’est mon lot quotidien et j’aime ça. Je me sens plus vivante. Je me sens plus active que ceux qui prétendent vivre et ne font qu’assister à leur vie. Comme un théâtre dont les acteurs ont vieilli. Ils ne font rien mais ils attendent tout. Pathétique. J’aime mieux essayer pour le simple mérite d’avoir tenté. Mais, encore, je me suis égarée…
Je reprends l’autobus. Katie est avec moi, cette fois. Elle habite mon quartier. Je lui parle parfois. Elle ne me regarde pas comme une étrangère. Au moins, elle a le mérite d’être sincère. Je le vois à son sourire, à ses yeux. Elle ne me reproche pas d’être « spéciale ». J’ai juste de l’imagination, ce n’est pas un mal. Elle m’a dit ça une fois. J’étais heureuse de l’entendre.
Elle et moi, on se met à parler des professeurs, des dernières rumeurs, des films de l’heure. On a quelques points communs. C’est sympathique de discuter avec Katie. Elle est douce, timide, peu expressive et sans une once de méchanceté. Mais avec moi, elle semble se dégêner; sa langue se délier.
Elle descend avant moi, me salue de la main et disparaît au détour d’un édifice, hors de ma vue jusqu’au lendemain. Le terminus est proche. Je suis de nouveau arrêtée au coin, à l’intersection. Mon regard se porte de lui-même vers les arbres, là où se tenait la femme de la veille. Si c’était bien vrai…
Il n’y a rien. Pas d’oiseaux, pas de femme. Mais je ne suis pas rassurée, je ne suis pas satisfaite. Je sonne pour le prochain arrêt. Je descends plus tôt. Je prendrai le bus à un arrêt différent mais j’aurai quelques minutes pour élucider l’affaire. Ou du moins approfondir un peu, je l’espère.
Le vent me happe, m’arrache mon souffle un instant. Je me mets en marche vers la rangée d’arbres, guettant le moindre braillement, le moindre battement, le plus faible craquement. La brise agite les branches, les faisant grincer comme une vieille maison. Les feuilles bruissent mais pas de sons sortant de l’ordinaire. Rien de suspect. Rien, point à la ligne. Je regarde tout autour, mon sac à bandoulière bien ancrée sur mon épaule. La tête de tout côté, je ne perçois aucun mouvement. J’abandonne ma folie, je me raisonne et je reprends ma route vers l’arrêt de bus…
Mais je m’arrête. Je fige brusquement. Je me raidis, l’oreille aux aguets. Un bruit. Un pas dans l’herbe, étouffé. Je me retourne lentement, le sang glacé. Et je vois.
Un homme. Il est plus grand moi, plus vieux aussi. Mais jeune. Il doit avoir 23 ans tout au plus. Beau, svelte. Il est tout mince, on craindrait le briser en l’enlaçant. Les traits de son visage sont doux, sculptés, peu masculins. Il semble fait dans le marbre, sa peau est si pâle. L’homme ne porte que du noir. Un chandail à manches longues tout à fait banal et des pantalons noirs tout aussi simples. Élégant toutefois. Ses cheveux aussi sont noirs. En bataille, ils tombent sur ses épaules, raides et éméchés. Son regard est rivé sur moi. Un regard tendre et glacial à la fois.
Il avance. Il m’a vu! Je sens la peur ramper jusqu’à mon cœur, l’enserrer dans ses griffes de fer. Je veux reculer mais je ne peux pas. Je suis pétrifiée. Son regard me cloue sur place. Son regard noir m’a gelé, j’en suis certaine. Je tremble comme les arbres autour de moi, balancée par le vent, glacée par le froid. Il s’arrête à deux pas de moi, me domine de sa hauteur. Je vois parfaitement ses yeux. Ils sont…mordorés. Tantôt de miel tantôt noisette. Même les deux à la fois. Je suis obnubilée. Mon effroi s’amoindrit par la prestance de ses joyaux. Son visage blafard est illuminé par la vivacité de ses yeux. Son regard pénétrant s’insinue en moi pour jeter sur ma frayeur un voile d’apaisement. Je ne crains plus, je l’ai oublié. Je ne vois que lui. Que ses yeux dorés.
Il sourit. Son air sérieux, dur, presque effrayant, est définitivement brisé. Envolé. Comme la corneille qui vient de s’égosiller à son envol au dessus de nos têtes. J’ai sursauté. Je suis revenue à la réalité. J’ai rougi, baissé les yeux, cessé de le fixer. Je pense m’excuser mais il me devance.
-Je t’ai fait peur?
Je relève la tête. Sa voix n’était qu’un murmure. À peine audible. Un souffle presque sans intonation. Ni rauque ni profond. Juste douceur et ténèbres. Mystère. Si la brume pouvait parler, elle aurait cette voix. Enveloppante, présente mais insaisissable.
J’ouvre la bouche pour répondre. Je n’ai pas le temps, il comble le silence.
-Excuse-moi. Je ne voulais pas.
-N-non, ça va. Enfin…euh…merci..?
Je me sens idiote. Terriblement idiote. Je ne sais que dire. Je me tais. Le silence me fait du bien…mais à présent, il me gêne. Je n’y trouve pas mon refuge habituel, mon nid de sécurité. Mes joues sont toujours brûlantes, ma gorge nouée. J’ose le regarder.
Il n’est pas incommodé, son expression neutre inchangée. Il me regarde le regarder. Il n’est pas le seul. Les arbres autour de nous sont silencieux. Leurs branches sont noircies. Noircies des corbeaux qui s’y perchent, à l’écoute. Tous leurs yeux globuleux sont rivés sur nous, sur moi. Pas un bruissement d’aile. Pas un craquement. Le silence.
Le poids du silence.
Silence de mort.
Ces mots me viennent à l’esprit. Je ressens le besoin de savoir l’heure. La montre à mon poignet me hurle de lui prêter attention. Je baisse le regard, intimidée, bien satisfaite de soustraire à ma vue toutes ces bêtes à plumes…et le regard de braise du jeune homme. 15h35. Il est presque temps. Je dois regagner l’arrêt. Mon quotidien tient encore ses chaînes sur moi, me rappelle à lui. Mon horaire m’attend, mes travaux, ma famille, ma maison. La machine perturbée remet de l’ordre dans mes pensées. Je dois rentrer.
-Je dois y aller.
Je ne sais pas pourquoi j’ai ressenti le besoin de lui dire. À lui. Un parfait étranger, un type inconnu. Mais, par politesse j’imagine, je lui ai indiqué mon départ. Il hausse les épaules, incline la tête en au revoir. Je retourne, pars dans l’autre sens, repasse à travers les arbres en direction de la rue. Je descends la petite pente, mais je sens toujours son regard sur moi, brûlant mon dos. Je jette un œil par-dessus mon épaule, mes cheveux volent dans mon mouvement. Il est là, planté au même endroit où je l’ai laissé. Je le vois sourire. Il tourne les talons et s’en va disparaître dans le paysage, engloutit par les arbres, par la nature. Le vent s’est remis à souffler. Les corbeaux se sont envolés tous en même temps en criant. La vie a repris son court après ce moment suspendu.
L’autobus tourne le coin. Je cours, je traverse la rue. J’arrive de justesse, essoufflée. Je m’effondre sur mon banc, je le cherche. Il est assis au sol, ses cheveux sont fouettés par le vent, sa maigre silhouette couleur de suie se découpe de l’herbe verte jaunie. Je souris.
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| | | Dr. Clarence Millet Directeur du CSHEMAS
Sexe : Nombre de messages : 2301 Age : 47 Nationalité : Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Sam 5 Fév - 19:25 | |
| O_O Devooon... Reading you is like... pure awesomeness |
| | | Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Sam 5 Fév - 21:02 | |
| tu as un grand talent pour les descriptions. en fait, Luna et toi tous les deux vous êtes extensivement descriptifs, mais ça vous va, vous écrivez bien |
| | | Julia David
Nombre de messages : 114 Nationalité : Israëlo-Canadienne
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Lun 7 Fév - 6:04 | |
| Je le trouve pas spécialement trop descriptif (sûrement parce que j'ai fait pire). En tout cas, j'aime bien, Devon ^^ |
| | | Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Lun 7 Fév - 7:12 | |
| hey, j'ai pas dit "trop">< |
| | | Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Ven 18 Fév - 21:38 | |
| alors, j'ai participé à un marathon d'écriture et on avait une (petite) heure pour écrire un texte sur le thème de "l'évasion". ça pouvait être n'importe quel sorte de texte, mais j'ai fait une nouvelle sur la première idée qui m'est venue. On était une vingtaine et j'ai été une des trois gagnante (yay). mon texte n'est pas extraordinaire (vous essayerez en une heure, à la main, lisible et tout, c'est très rushant) mais j'ai eu à le taper de toute façon alors je le mets, ça peut toujours êtres distrayant. - Spoiler:
Pablo ne savait qu’une seule chose : il était en prison. Pour le reste, tout était confusion. Il semblait que son monde avait basculé le jour où on l’avait pris, en pleine rue, sous les regards indifférents ou curieux des passants. Depuis ce jour, plus rien n’avait eu le statut de certitude, pas même son propre nom que plus aucune voix ne prononçait jamais.
La seule chose que son cerveau déboussolé sembla encore capable de formuler étaient ces quelques questions qui se réverbéraient inlassablement d’une paroi à l’autre de son crâne, égrenant les heures, puis les jours. Pourquoi lui? Où était-il? Qui étaient ces gens? Quel sort lugubre lui réservaient-ils? Et surtout, surtout : Qu’avait-il donc fait de mal? Cette dernière interrogation, plus que toute autre, le torturait sans répit, triturant sa conscience avec la certitude d’un tort, d’une trahison impardonnable de sa part. Où avait-il mal agit?
D’avant sa capture, il se rappelait simplement l’odeur de l’asphalte humide, la rumeur rassurante des foules, l’ivresse du petit matin désert, sous le couvert jaunâtre du smog... Quelque chose, dans cette existence qu’il avait menée en toute bonne foi, avait offensé. Lui, qui n’avait jamais demandé qu’à plaire, qu’à utiliser ses maigres ressources intellectuelles pour faire ce qu’on demandait de lui. A présent, on le nourrissait deux fois par jour à travers les barreaux métalliques de sa prison, ce grillage qui envahissait même ses rêves sans imagination. De temps à autre, des étrangers venaient l’observer, de l’autre côté de la grille, faisaient des commentaires à son sujet. Jamais on ne lui parlait. Il restait silencieux, prostré contre le mur de sa cellule, ne daignant même plus lever les yeux sur ses visiteurs. Il ne pouvait voir les prisonniers des cellules voisines mais il entendait leurs gémissements, nuit et jour. L’odeur suffocante de leur peur saturait l’air. Recroquevillé, Pablo attendait sans plus d’espoir de trouver un sens à l’absurde châtiment qu’on lui infligeait.
Et pourtant, l’espoir vint, sous la forme d’un homme en blanc. Pablo ne l’avait jamais vu auparavant, ce n’était pas l’un de ceux qu’on envoyait régulièrement pour nettoyer les coins souillés du réduit métallique. Il resta inerte. L’homme se pencha et le souleva sans peine, tant son séjour en prison l’avait amaigri. Pablo, toutefois, n’était pas aussi faible qu’il le laissait croire. Soudain, son cœur se démenait tant que son geôlier aurait pu sentir chaque battement secouer son pauvre squelette. Était-il possible que…? Dès qu’il sentit qu’on le déposait, Pablo bondit. Il fila comme une flèche, sans un regard en arrière. Courir à nouveau… l’espoir, la simple joie fulgurante d’être libre, pour une minute, une seconde, lui montait à la tête comme une pure bulle de bonheur. Libre. Il était libre. Chaque muscle de son corps exultait. Chaque foulée était une symphonie triomphante, une victoire, un frisson de perfection. Pablo courrait.
Il ne voyait pas défiler les captif, lamentables, le long du corridor étroit, il ne voyait pas l’homme en blanc qui le suivait, posément, sans se presser, il ne voyait même pas la seule porte qui se dressait au bout du couloir, s’ouvrant sur une salle blanche, une table métallique, une seringue brillant d’un éclat létal… Il s’engouffra dans la pièce sans une pensée, percuta le mur du fond, se retourna. L’homme en blanc referma la porte derrière eux.
Pablo poussa un seul, bref, aboiement.
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| | | Karel Stamenkovic Patient
Sexe : Nombre de messages : 1824 Age : 32 Nationalité : Bosniaque, Français
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Lun 14 Mar - 21:51 | |
| alors, j'ai aussi participé à la final du marathon d'écriture (24h d'écriture sans dormir ) voici deux textes produits que j'aimais bien, au cas où ça intéreserait quelqu'un. poésie, alors c'est pas très long à lire de toute façon. et il y avait un thème pour chaque texte, cétaient des atelier... Thème: écrire sa propre épitaphe (inscription sur une tombe) CapucineCi-git une plante sans racines, moins fleur que bourgeon Seul le vent brava ses épines, puis l’hiver la cueillie Annuelle sous la gelée, sa sève s’est tarie Et nul jardin ne porte le deuil de sa floraison
Ni humée ni offerte, elle ne connut point l’amour, Cette vie ne porta pas fruit, quel mauvais tour! Fanée, on la plante- c’est certes un méfait Mais qu’on fleurisse sa tombe, alors c’est le bouquet!Transit thème: poésie, exil TransitChez moi c’est nul part On utilise un moment, on le jette Le passé n’est pas réutilisable Il faut voyager léger Chez moi, c’est nul part C’est écrit sur mon passeport : Étranger Je ne vis à aucune heure Je ne parle aucune langue Ce tapis rêche, j’y dors : C’est ma couette Chez moi c’est partout Chez moi c’est ici Aujourd’hui, c’est l’attente Une longueur variable Un élastique qui s’étire jusqu’à Éclater : c’est demain, c’est le départ Il n’y a que les départs, Et ce temps entre les deux, On n’arrive jamais Quand on ne peut pas rester Sans rien attendre, Tête vide, Mémoire sur le dos, dans son sac Ces quelques biens choisis C’est nous Plus que nous-mêmes C’est tout ce qu’il ne faut pas égarer Sinon on se perd aussi Je dors, je vole, je vis, Par laps, entre deux départs, Entre deux portes, entre deux pertes, Dans l’antichambre J’attends sans être attendu Si on était un animal L’aéroport serait notre habitat Mais on est quelques items, un objet Comme un bagage oublié sous un siège On aimerait appartenir à quelqu’un
Dernière édition par Karel Stamenkovic le Dim 20 Mar - 22:19, édité 1 fois |
| | | Aleksis Cole Patient
Sexe : Nombre de messages : 628 Age : 33 Nationalité : Australien
| Sujet: Re: Plus d'écriture... Dim 20 Mar - 21:50 | |
| c'est un travail de création dans lequel nous devons imaginer une courte et partielle réécriture des deux oeuvres (romeo et juliette et dom juan) en tenant compte de leurs qualités respectives et de votre compréhension de leurs enjeux culturels, esthétiques et idéologiques ainsi que du style des auteurs il faudra voir à ne pas reprendre de trop près le texte et l'intrigue des pièces, ni à s'en éloigner au point de sortir de la vraisemblance. Imaginez plutot une situation dramatique qui permette de faire se rencontrer les personnages et les idées des pièces. - Spoiler:
SCÈNE 1 Don Juan entre suivit de Sganarelle.
Don Juan : Dépêche-toi Sganarelle! Les portes de Vérone vont bientôt fermer.
Sganarelle : Nous ne pouvons pas ralentir?
Don Juan : Non, je ne désire pas arriver en retard. Je veux avoir une bonne table dans une bonne auberge.
Sganarelle à part : Ne pas arriver en retard pour ne pas être seul dans sa couche.
Don Juan : Dis-tu?
Sganarelle empressé : Moi! mais rien. Je n’ai rien dis. Don Juan se retournant la main au fourreau : Parle sinon je te transperce de mon épée.
Sganarelle : Je… je disais seulement qu’il fallait se dépêcher pour avoir une couche confortable.
Don Juan allongeant le pas : Tu as raison! Un bon repas et une bonne couche. Cette folle course de Sicile à Vérone m’a exténué. Nous avons eu de la chance de distancer Don Carlos aussi rapidement. Je ne vois pas pourquoi ce rustre me poursuit avec tant d’acharnement. J’ai pourtant avoué à Madame que je ne portais plus pour elle les sentiments d’un court moment. La voilà qu’elle m’envoie son frère me pourchasser. Si j’avais dû fuir à chaque nouvel amour, je ne serai jamais resté au même endroit très longtemps (il regarde une jeune noble passer à son côté). Finalement, venir à Vérone n’était peut-être pas une si mauvaise idée. Mon amour pourra s’épanouir de nouveau. Qu’en dis-tu mon bon Sganarelle? Vérone n’est-elle pas l’une des villes les plus charmantes?
Sganarelle : Ah, Monsieur ne pourrait pas mieux dire.
Juliette entre.
Don Juan : Mais qui est ce doux visage? Cette si délectable jeunesse ne peut être que le fruit de mon imagination. Est-elle vraie?
Sganarelle : Des plus vraies Monsieur.
Don Juan : N’est-elle pas de plus exquises?
Sganarelle : Elle l’est Monsieur. (À part.) Et le voilà reparti.
Don Juan s’approchant de Juliette : Je ne croyais avoir la chance de rencontre un ange, mais voilà que le ciel, ce si merveilleux ciel, en dépose un sur ma route.
Juliette : Plaît-il Monsieur?
Don Juan prenant la main de Juliette : Mon plaisir serait de déposer mes lèvres sur cette main. Ah! que de grâce dans ce regard. N’est-ce pas Sganarelle? Aucune beauté de Sicile ne rivalise avec vous Madame. Elles semblent toutes paysannes à vos côtés.
Juliette retirant sa main : Une paysanne serait plus heureuse que moi.
Don Juan : Quoi? qui ose tourmenter un si joli être?
Juliette : Le mal est dû à mon nom. Pardonnez Monsieur, mais je dois désormais vous quitter. Voilà ma nourrice qui m’appelle.
Juliette sort.
Don Juan : Mon cœur vient de fondre.
Sganarelle : À nouveau.
Don Juan : Oui, à nouveau mon bon Sganarelle… Mais qu’entends-je? Ne serait-ce pas le bruit de fers qui m’appellent? (Il sort l’épée à la main)
SCÈNE 2 Sganarelle seul: Cela ne fait pas une heure que nous sommes en ville et mon Maître cherche déjà querelles et amours. Ah! le voilà qui revient.
Entre Don Juan, Mercutio et Roméo
Mercutio : Merci Monsieur. Votre aide nous a permis de leur tenir tête.
Don Juan remettant son épée au fourreau : Je n’ai rien fait, Monsieur, que ce que chacun de vous n’eussiez fait à ma place. Mon courage et ma force n’était que le reflet des votres. Je ne m’attriste qu’au fait que ma douce ne m’ait pas vu à l’œuvre.
Mercutio : Notre nouveau compagnon est-il amoureux?
Don Juan : On m’a volé mon cœur.
Sganarelle à part : Si c’était vrai.
Mercutio attirant Roméo vers lui: Tu entends Roméo? Un autre fou comme toi!
Roméo : Fou d’amour oui! Mais qui n’est pas fou lorsqu’il se bat pour son amour.
Mercutio : Écoutez le parler. Voilà un vrai gentilhomme.
Roméo : Mon cœur m’a été ravi, dérobé, arraché depuis que mes yeux ont croisés les siens. Je suis vidé de toute vie loin d’elle. Elle est mon souffle. Elle est le soleil de mes jours et chaque nuit, je n’attends que son retour.
Mercutio : Écoutez le parler. Pour lui l’amour est plus que physique.
Don Juan avançant en avant scène avec Roméo : L’amour se sent ici, dans nos trippes. Les femmes sont faites pour nous complaire. Leur beauté n’est qu’un chef d’œuvre afin de séduire nos yeux. Nous, hommes, devons agréer aux demandes de la gente féminine. Il faut satisfaire leurs espoirs d’un exquis mariage. Cependant, toute dame a le droit de nous charmer et c’est en restant libres que nous pouvons offrir ce qu’il y a de mieux en nous. Notre but est de surpasser chaque petite réticence que la pudeur nous oppose afin d’aller cueillir la si douce récompense qui nous est dû. C’est en conquérant que nous vainquons de la résistance d’un beau visage et, comme tout conquérant, nous cherchons toujours un nouveau territoire à triompher.
Mercutio à Sganarelle : Votre maître m’a tout l’air d’un homme plein de bons sens.
Sganarelle : Ah si c’était vrai Monsieur nous serions encore en Sicile.
Roméo : Hélas! à vous écouter l’amour n’existe pas comme il devrait être. Vous insinuez que l’amour est plaisir alors que je soutiens qu’il n’est que souffrance. Ô impitoyable affection! Ô indifférente ardeur! Cœur inflexible, amoureux de la mort! Cupidon m’aura transpercé de sa flèche plus qu’aucune épée ne pourra jamais le faire. Cet amour si cruel permet de surmonter tous les obstacles qui s’opposent à nous.
Don Juan : Monsieur, vous êtes encore jeune, profitez de votre vie et des beautés qui courent Vérone.
Roméo : Physiquement certes, mais je suis aussi vieux que le plus vieux des vieillards.
Mercutio à Sganarelle : À nouveau il déprime.
Sganarelle : Si mon maître pouvait apprendre de votre compagnon, bien des femmes inviteraient cette si désagréable déprime.
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